Références
Fiona ROSSETTE-CRAKE et Elvis BUCKWALTER (eds.), COVID-19, Communication and Culture. Beyond the Global Workplace, Routledge, Londres et New York, 2023, 276 p. ISBN 9781032232614
Texte
Quelles sont les conséquences de la Covid-19 sur le monde du travail ? Comment la pandémie a-t-elle transformé les pratiques de communication au sein des entreprises ? Dans quelle mesure la dimension culturelle a-t-elle pu jouer un rôle dans la gestion des équipes internationales en temps de crise sanitaire, et comment celles-ci ont-elles pu et su s’adapter ? Ce sont ici quelques-unes des questions que Fiona Rosette-Crake et Elvis Buckwalter, respectivement Professeur des universités et Maître de conférences au département LEA à l’université Paris Nanterre, et coéditeurs de l’ouvrage, entendent traiter avec l’aide d’autres contributeurs, universitaires et intervenants du monde professionnel exerçant leurs activités dans des organisations publiques ou privées, en France comme à l’étranger. S’inscrivant dans le champ des Covid-19 studies comme le rappelle le directeur de publication, l’ouvrage opte pour une approche transdisciplinaire qui allie entrée communicationnelle et dimension culturelle, voire interculturelle puisqu’une grande place est laissée à la dimension comparative, afin d’analyser l’impact de la Covid-19 sur le monde du travail et sur nos sociétés.
L’ouvrage compte 252 pages et s’organise en trois parties de quatre à cinq chapitres chacune. Une courte préface du directeur de publication puis une introduction des deux coéditeurs précèdent les différentes contributions, et recontextualisent l’ensemble. Une postface en guise de conclusion, et surtout d’ouverture, ainsi qu’un index complètent utilement l’ouvrage. L’une des forces de ce livre réside non seulement dans sa présentation d’un large éventail de recherches en cours mais aussi dans le fait qu’il ouvre vers un ensemble de pistes de réflexions sur ce que sera le monde du travail de demain.
La première partie rassemble les contributions qui s’intéressent à la manière dont les acteurs, qu’ils soient institutionnels ou non, ont pu communiquer sur la Covid-19, et informer les citoyens. Elle s’ouvre ainsi sur un premier chapitre qui interroge les modalités du discours en temps de crise à l’aune du rôle et de la place des politiques et des experts en France. Les questions que soulèvent cette première contribution, notamment la place de la science dans nos sociétés et la production du discours scientifique, permettent de poursuivre sur l’influence des réseaux sociaux et des plateformes collaboratives de partage des savoirs et de connaissances scientifiques comme Wikipedia, posant ainsi la question de la confiance dans le numérique et la manière dont se structure le paysage informationnel. Les deux contributions suivantes s’intéressent à la diplomatie du vaccin et au discours de la solidarité en étudiant comment la Chine a pris soin de travailler sa communication à l’international mais aussi au niveau national via les réseaux sociaux afin de contrer l’image négative qui lui était associée comme foyer de la pandémie, et ainsi de restaurer sa réputation. En s’interrogeant sur la communication en temps de pandémie au prisme des différences culturelles, la dernière contribution permet à la fois de prendre un certain recul sur les chapitres précédents, mais également de souligner toute l’importance de la dimension interculturelle et des cultures nationales sur les réactions aux dispositifs de lutte contre la Covid-19 lorsque ceux-ci furent institués.
Forte de ce premier jalon, la deuxième partie porte sur la communication en temps de Covid-19, et repose davantage sur l’impact psychologique et cognitif sur les personnes. Les contributions ainsi réunies s’intéressent, respectivement, aux différences entre communication en face à face et communication à distance dans une perspective sociolinguistique, mais aussi à l’influence des nouvelles modalités de communication, tels les webinaires, qui peuvent être considérés à la fois comme vecteurs d’échange de l’information mais aussi comme outils de reproduction et caisses de résonance d’un discours promotionnel des entreprises. Les deux dernières contributions portent plus généralement sur la gestion d’équipes plurilingues et la communication à distance en temps de pandémie. A travers plusieurs exemples et un ensemble de témoignages sur les évolutions de la communication vers le tout virtuel, ces deux derniers chapitres permettent d’identifier des tendances futures tout en soulignant l’extrême flexibilité dont ont fait preuve les organisations et leurs équipes pendant toute la période.
La troisième partie considère plus spécifiquement les conséquences de la Covid-19 sur les pratiques dans le monde du travail, et notamment le travail à distance qui constitue le fil rouge de la plupart des contributions. Ainsi, alors que la première contribution s’intéresse aux étudiants en stage en France et analyse la manière dont la Covid-19, le confinement et les dispositifs de distanciation sociale, sont venus percuter leur première expérience professionnelle, la contribution suivante porte un regard plus spécifique sur la culture des professionnels de santé et cherche à évaluer comment cette dernière a été bouleversée dans ses fondements au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie et des décisions prises par les autorités en France. Enfin, les trois contributions suivantes s’intéressent, respectivement, à la manière selon laquelle le passage au télétravail a été représenté dans les presses française, américaine et estonienne, mais aussi aux conséquences de la Covid-19 et des confinements sur la vie professionnelle et le quotidien des managers travaillant à l’international ainsi que des expatriés. Des témoignages de trois professionnels en poste à l’étranger (Allemagne, Chine, États-Unis) viennent compléter cette dernière analyse. A nouveau, à travers l’expression des difficultés rencontrées, se dessinent, au final, une perception plus fine des transformations du monde du travail et des tendances futures concernant la gestion des équipes transnationales et l’adaptation des fonctions à ce nouvel environnement.
Prise individuellement, chaque contribution présente un intérêt tout particulier pour toute personne qui a vécu ces années de crise sanitaire et qui cherche à comprendre les transformations à l’œuvre dans nos sociétés. Mais, c’est aussi lorsqu’on prend du recul sur l’ensemble que se profilent de nombreuses pistes de réflexion pour poursuivre les recherches dans ce domaine selon une approche comparative. En ce sens, l’ouvrage devrait s’intégrer parfaitement dans des cours à destination d’étudiants en LEA, de surcroît lorsque se posent des questions d’espace de travail mondialisé, de virtualisation des pratiques, d’influence des cultures et, par conséquent, des con
Auteurs
Université Clermont Auvergne
julien.guillaumond @ uca.fr.
Références
Pour citer cet article :
Julien GUILLAUMOND - "Fiona ROSSETTE-CRAKE et Elvis BUCKWALTER (eds.), COVID-19, Communication and Culture. Beyond the Global Workplace" RILEA | 2024, mis en ligne le 11/12/2024. URL : https://anlea.org/revues_rilea/fiona-rossette-crake-et-elvis-buckwalter-eds-covid-19-communication-and-culture-beyond-the-global-workplace/